Dans l’ombre des élections européennes de 2024 se profile un sombre tableau des conséquences désastreuses de la politique anti-réfugiés mise en place au Danemark. Des réfugiés livrés à eux-mêmes, des familles séparées, des vies brisées… Plongeons sans détours dans le reportage choc qui révèle l’impact dévastateur de ces politiques discriminatoires.
Un modèle de répression sous prétexte de gestion de crise migratoire
À l’entrée du centre de rétention d’Avnstrup, à une quarantaine de minutes de Copenhague, l’image idyllique de la campagne danoise contraste cruellement avec la réalité vécue par les réfugiés. Pour Roshan*, un Iranien de 38 ans, la désillusion est totale. « Lorsque je suis venu au Danemark pour demander le droit d’asile, je ne pensais pas qu’on allait me mettre dans un camp et me menacer de déportation », confie-t-il, le regard sombre.
Une politique drastique en chiffres
La politique du gouvernement danois en matière de réfugiés, sous l’impulsion de la Première ministre Mette Frederiksen, vise une « zéro réfugié irrégulier ». En 2015, le Danemark enregistrait 21 000 demandes d’asile par an. En 2023, ce chiffre est tombé à moins de 2 000, selon le ministère de l’Immigration. Un succès pour certains, mais une catastrophe humanitaire pour d’autres.
Des conditions de vie indignes
Les centres de rétention, comme celui d’Avnstrup, sont devenus des prisons ouvertes. Les migrants, privés du droit de travailler et contraints de signer régulièrement des feuilles de présence, vivent dans des conditions précaires. « On ne peut pas choisir où on va : un jour, on nous emmène ailleurs, et on ne peut rien dire parce qu’on a peur que la police s’en mêle », raconte Roshan, qui a été ballotté de centre en centre pendant neuf ans.
Un système de contraintes invisibles
Les restrictions imposées aux réfugiés sont nombreuses :
- Interdiction de travailler
- Obligation de signer régulièrement une feuille de présence
- Centres situés en pleine campagne, loin des transports en commun
Ces contraintes empêchent toute intégration utile et condamnent les migrants à l’isolement. « Cette vie coupée du reste du pays, à attendre une potentielle expulsion, a usé Roshan. « Toutes les nuits, j’y pensais… J’avais peur car je savais que si on me renvoyait en Iran, on nous tuerait, ma famille et moi » », témoigne-t-il.
L’effet d’une politique répressive sur toute une vie
Pour Nour*, une Syrienne de 59 ans, les conséquences de cette politique sont tout aussi effroyables. Elle et sa famille ont été confrontées à la perspective d’un retour forcé en Syrie, simplement parce que le Danemark a jugé certaines zones autour de Damas comme « sûres ». « Nos enfants parlent danois, ils étudient ici : ils se sentent chez eux dans ce pays », déclare son mari, Hassan.
Un modèle qui inspire et divise
Le succès de cette politique draconienne inspire les partis de droite et d’extrême droite européens. Cependant, pour Sascha Faxe, députée du parti d’opposition Alternativet, « Depuis 2015, on assiste à une compétition entre tous les responsables politiques danois pour savoir qui sera le plus strict sur l’immigration. » Pour elle, cette politique « contribue à l’essor de l’extrême droite au sein de l’Union européenne. »
Des vies suspendues à un fil
En 2020, Roshan et sa famille ont tenté de rallier l’Allemagne et ensuite l’Italie, espérant un accueil plus clément. Mais partout, le même sort les attendait : la rétention. Cette instabilité constante a des effets dévastateurs sur le mental et la qualité de vie des réfugiés. « Je disais que j’avais besoin de protection parce que ma vie était en danger, et personne ne me croyait », soupire Roshan.
L’Europe à la croisée des chemins
Evidemment, le « modèle danois » a réduit le nombre de demandes d’asile et incité certains réfugiés à quitter le pays pour d’autres destinations européennes. Selon Eva Singer, directrice du département asile du DRC, « Cette politique complique aussi l’intégration des réfugiés : de nombreux employeurs hésitent à embaucher des salariés qui ne seront peut-être plus là dans deux ans, si leur permis n’est pas renouvelé. »
Le prix à payer pour une politique de dissuasion
Pour Roshan et Nour, l’incertitude demeure. Tout refus de leur renouvellement de séjour pourrait signifier un retour vers l’enfer qu’ils ont fuient. Pour Eva Singer, « Il n’est pas souhaitable d’essayer de se dégager de la responsabilité d’accueillir ces réfugiés, et il n’est pas réaliste de vouloir reproduire le ‘modèle danois’ dans l’ensemble de l’UE. Ce type de politique n’empêchera pas les gens de quitter leur pays. »
* Les prénoms ont été modifiés.
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